L’action socio-éducative
Dans son statut de structure à «bas seuil», Zone Bleue, essaie de répondre aux besoins de base de la population toxicomane: se laver, laver son linge, s’approvisionner en seringues, prendre un repas.

Parmi les besoins de base que nous prenons en considération il y aussi celui de discuter, de boire un café, de se poser et de se reposer. Il est important de remarquer que très souvent, nous sommes les seuls non-consommateurs que les usagers sont amenés à fréquenter régulièrement. Dans ce contexte particulier, les liens qui se tissent sont personnels, impliquant le partage d’un certain quotidien et demandant une implication de la part des professionnels/les qui se teint de notre personnalité, de nos expériences et de notre vécu. En fait, nous «œuvrons» afin d’instaurer un contact personnel avec les usagers.

Nous accueillons personnellement chaque personne qui rentre à Zone Bleue: cela signifie que chaque membre de l’équipe serre la main et appelle la personne par son prénom. Nous essayons de "retenir" les consommateurs/trices quand ils passent rapidement pour prendre du matériel d’injection, de discuter avec eux, de les inviter à se poser pour boire un café, de titiller leur curiosité. Chaque visite peut être l’occasion de connaître un bout d’histoire de telle personne ou de confronter une autre à une façon de se comporter. Ou encore d’inviter la personne à venir discuter d’un sujet particulier relevé au passage dans une discussion informelle.

Les exigences minimales que les usagers sont appelés à respecter sont de ne pas dealer, de ne pas consommer, de ne pas utiliser des comportements violents. Aucun entretien ou autre type de contact n’est imposé.

L’action socio-éducative commence avec l’accueil dont le but ne se limite pas à mettre les gens à l’aise. La présence constante d’un ou deux travailleurs sociaux rappelle les devoirs que les usagers sont appelés à remplir, mais en même temps, cette présence garanti aussi une protection. Vider son cendrier, débarrasser sa tasse, doser le volume de la stéréo, saluer, ne pas couper la parole, etc., sont les limites «travaillées» à l’accueil et qui participent au maintien du cadre. En outre, l’accueil est une partie intégrante du travail de reconnaissance de la personne: sa présence est quittancée et dans la mesure du possible, aussi ses états d’âme et son vécu. Il est reconnu à la personne son droit à avoir une place, son droit à exister en tant que personne à part entière, avec sa souffrance, avec ses expériences de vie difficiles, avec les injustices et mauvais traitements subis, avec ceux qu’elle a fait subir, avec sa richesse et son potentiel.

Ensuite, nous essayons de réactiver le pouvoir personnel des personnes toxicomanes par différents axes de travail: nous percevons le pouvoir personnel comme le moteur essentiel de toute mise en action, qui permet une participation à un rôle social et à la construction d’un projet personnel.

 
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